PORTRAIT 2 : Julia Caron, salariée de l’association
« ll me faut de la réflexion et de la pratique, de la créativité »
Le parcours
Julia a vécu enfance et adolescence en Dordogne, passant le Bac à Périgueux (ce qui lui vaut de travailler aujourd’hui en partenariat avec d’anciens professeurs 🙂 ).
A l’issue de ce diplôme, Julia ne sait trop vers quoi s’orienter. Pour se donner le temps de réfléchir, elle prend ce qu’elle appelle « une année sabbatique »… durant laquelle cependant elle travaille en Contrat aidé pendant 6 mois avec une réalisatrice de films d’animation en stop motion qu’elle connait depuis l’enfance, Laura Leeson. Dans le cadre de ce Contrat aidé elle intervient auprès des écoles et centres de loisirs, obtient une aide de la Fondation de France pour constituer une première expérience professionnelle puis postule au DUT Carrières sociales de Bordeaux option « Animation sociale et socioculturelle ». L’établissement retient sa candidature.
Pendant deux années, elle y vit avec un grand intérêt l’alternance d’enseignements théoriques et d’applications concrètes, la réflexion associée à l’expérience pratique. La formation correspond bien à son besoin de s’enrichir intellectuellement tout en gardant les pieds sur le terrain. Elle réalise des stages en EHPAD, au Centre social St Exupéry de Chamiers et au Service Pénitentiaire Insertion et Probation de Périgueux avec la coordinatrice culturelle, et rédige en parallèle un mémoire sur l’impact psychique de l’inceste sur le développement de l’enfant.
Elle choisit ensuite de prolonger sa formation avec une Licence Professionnelle de Coordinatrice de Projets sociaux et culturels en milieu urbain, est stagiaire à l’APEI (Association des Parents d’Enfants Inadaptés) de Périgueux où elle participe à la mise en place d’une Cellule d’Ecoute des parents, qui fera l’objet de son nouveau mémoire : « Parents-professionnels : des acteurs aux logiques différentes qui se complètent – La professionnalisation des associations de parents : quelle conséquence pour les acteurs ? ».
Elle hésite alors entre l’engagement dans un Master et un Service Civique. Quelques un.e.s de ses ami.e.s ont vécu d’excellentes expériences dans le cadre du Service Civique…
La rencontre avec Ciné Cinéma
C’est à ce moment-là qu’elle est orientée vers Ciné Cinéma par la mairie de la ville, auprès de laquelle elle avait signalé son intérêt pour un Service Civique.
C’était en 2012, et l’association avait la volonté de se développer. Les choses s’enchaînent : un CAE succède au Service Civique, lui-même reconduit avec promesse d’embauche. Et la voici salariée en CDI.
Julia se souvient avoir dû présenter une analyse de film pendant le processus de recrutement. Elle choisit « De rouille et d’os », de Jacques Audiard… dont l’affiche orne toujours un mur de son bureau.
Quel rôle dans l’association ?
Son poste s’intitule « assistante de développement culturel », mais Julia estime être plutôt une « médiatrice jeune public ».
Son principal champ de responsabilités (ce n’est pas le seul) est ainsi circonscrit.
Elle réalise toutes les médiations auprès des scolaires, de la maternelle à la 3ème, c’est à dire toutes les présentations des films, dans le cadre des différents dispositifs pris en charge par Ciné Cinéma.
« Tous les matins, explique-t-elle, je suis au cinéma (CGR), où se succèdent 2 à 4 présentations ». Elle est aidée dans cette tâche par une bénévole qui aide l’association depuis plus d’une dizaine d’années.
En quoi consistent ces présentations ? : « Je donne des pistes, comme indiqué dans les cahiers des charges; je dis quelques mots du film, de l’auteur, je situe le genre… je donne des clés pour aborder ce qui va être visionné, en fonction bien sûr de l’âge des spectateurs ».
Ce rôle de médiatrice suppose la préparation des interventions, qui prend un temps certain.
Julia est également amenée à accueillir les publics dans le cadre de projets ponctuels qui ne nécessitent pas de présentation.
Elle anime depuis 2014, deux fois par semaine, des Temps d’Activités Périscolaires (mis en place par François Hollande) : il s’agit d’activités qui se déroulent sur le temps périscolaire, demandées par des communes pour des classes de Primaire et encadrées par des animateurs/intervenants extérieurs. Actuellement elle intervient auprès de Boulazac,. Deux « malles pédagogiques » ont été conçues par Ciné Cinéma : « Préhistoire du cinéma » et « Cinéma d’animation »; une troisième, « L’île de Black Mor » a été remise par le conseiller jeunesse-cinéma de la DDCSPP 24 (Direction Départementale de la Cohésion sociale et de la Protection des Populations) il y a près de 10 ans.
Ciné Cinéma met en oeuvre également, de fin octobre à fin janvier, un projet autour de la parentalité, les mercredis après-midis. Julia accompagne des familles, qu’elle va chercher dans un véhicule loué afin de les transporter dans un lieu d’animation. Il en résulte des ateliers autour de l’image (exposition, gravure, papier animé, MashUp, pré-cinéma, sonorisation, montage).
Mais son rôle ne s’arrête pas là, car elle travaille également avec Jean-Michel Hellio à la conception et rédaction des réponses aux Appels à projets. La réflexion et la mise au point des propositions se fait à deux, puis Julia pilote et coordonne.
Julia endosse aussi un rôle administratif et comptable : montage des plannings, réponse au téléphone (conjointement avec Jean-Michel Hellio), enregistrement et paiement des factures, envoi du programme mensuel aux adhérents…
Enfin, elle est amenée à animer certaines des soirées Contrechamps, avec les préparations en amont que cela suppose.
La relation au cinéma
Contrairement à ce que d’aucuns peuvent imaginer, être salarié.e de Ciné Cinéma ne favorise pas forcément la fréquentation active des salles… Les journées sont très denses, et quand on est une jeune maman, on ne dispose pas forcément de tout son temps libre… Aussi Julia voit-elle les films qu’elle présente le soir et le matin, mais pas beaucoup plus. Lorsqu’elle était étudiante elle logeait à Talence, en banlieue de Bordeaux, ce qui n’a pas favorisé la prise d’habitudes au cinéma l’Utopia, qui aurait pu l’intéresser.
Et demain ?
« Que de questions… » commente Julia. Elle espère que les politiques et la direction du multiplexe donneront à Ciné Cinéma les moyens d’exister plus sereinement. Actuellement il est sans cesse nécessaire d’expliquer ce que réalise l’association, de justifier son existence, alors que tant d’actions sont mises en oeuvre à la grande satisfaction des usagers. Impossible de se projeter. Ce dont rêve Julia : obtenir un fonctionnement pérenne, afin que Ciné Cinéma puisse se lancer dans de nouveaux beaux projets.
Les propos tenus dans ces entretiens n’engagent que leurs auteurs, pas l’Association dans sa globalité.