cet article est paru antérieurement sur le facebook de l’association

Découvrant l’étonnante beauté de son visage, en même temps que son engagement en faveur des droits des femmes, il nous a bien fallu, au début des années 2000, apprendre à dire son nom : Golshifteh Farahani (son prénom signifie « éprise des fleurs »). Aujourd’hui encore nous espérons qu’elle pardonnera notre prononciation imparfaite.

(Nous ne connaissions pas encore le lauréat de la Palme d’Or 2010, Apichatpong Weerasethakul, dont le nom, thaï cette fois, mit la barre encore plus haut).

Golshifteh Farahani est née et a été élevée en Iran, dans une famille d’artistes, opposants de gauche au  Chah, puis à l’ayatollah Khomeyni. Virtuose au piano, elle aurait pu envisager une carrière de musicienne, mais fait rapidement le choix du théâtre, puis du cinéma, et devient une actrice reconnue dans son pays. En France, les cinéphiles avertis la découvrent dès 2003 dans Deux anges, de Mamad Haghighat,. Bien d’autres attendront le fascinant A propos d’Elly, d’Asghar Farhadi en 2009 pour comprendre qu’il faut désormais compter avec son regard troublant. Entre temps, la belle se sera fait embaucher par Ridley Scott (Mensonges d’Etat) aux côtés de Leonardo DiCaprio et de Russell Crowe, excusez du peu.

Golshifteh Farahani, confrontée à la « justice » des mollahs (outrés qu’elle se soit montrée sans voile lors d’une interview) et à l’intolérance des moeurs du pays qu’ils dirigent (elle est attaquée à l’acide dans la rue pour n’être « pas assez couverte »), s’exile et choisit d’habiter à Paris, tout en se lançant dans une carrière internationale. Ces choix ne l’empêchent cependant pas de garder un lien puissant avec l’Iran et d’affirmer haut et fort ses convictions, au travers de ses collaborations ou directement, par exemple à l’occasion du récent mouvement Femmes Vie Liberté.

La jeune comédienne a aujourd’hui plus d’une quarantaine de films à son actif, dont 4 qui sortiront prochainement, ou dans les deux années à venir.

Elle s’est également fait remarquer dans une série américaine, Invasion. Une troisième saison vient d’être commandée.

Elle nous a enchantés dans Un divan à Tunis, de Manele Labidi (2019), où elle campe une psychanalyste tunisienne qui, après des études et un premier exercice professionnel en France, revient s’installer dans une banlieue de Tunis. Regardée avec ahurissement et méfiance, elle finira par faire les preuves de l’utilité de sa profession. Golshifteh Farahani apporte à son personnage  une légèreté bienveillante qui fait tout le charme de cette jolie comédie.

En 2016, nous l’avons vue dans les (grands) bras d’Adam Driver, filmée par Jim Jarmush, participant à la délicatesse et la grâce de ce merveilleux film poétique (Paterson).

Autres souvenirs cinématographiques marquants : l’insoumise de My sweet Pepper land, de Hiner Saleem en 2014, ou la mystérieuse Mona du tendre Les deux amis (Louis Garrel, 2015).

Golshifteh Farahani apporte une grande intensité à ses rôles, comme si, à chaque fois, elle tenait à nous convaincre de la sincérité de son personnage, comme si c’était sa vie qu’elle jouait, encore et encore.

« Golshifteh Farahani porte le récit avec rage » estime La Voix du Nord, parlant de Roqya…

Une rage qui vient de loin. En octobre 2022, elle expliquait dans le quotidien Le Monde à quel point elle avait « détesté être une femme » en Iran, car les femmes « y sont toujours coupables de ce qu’elles sont ». Elle revenait sur les réactions outrées lorsqu’elle s’est montrée tête découverte (elle, alors actrice iranienne) lors de la première du film de Ridley Scott. Même le réalisateur Asghar Farhadi l’a alors bannie, précisait-elle.

Et j’oubliais, elle chante, aussi ! (musicienne surdouée, voir plus haut).

La voici reprenant l’hymne des jeunes iraniennes et iraniens qui ont occupé les rues de longs mois pour réclamer la liberté de vivre, « Baroye » (« pour », car à la question « pourquoi vous révoltez-vous », les jeunes répondaient « pour » -un visage souriant/danser dans la rue/la liberté…).

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