cet article est paru antérieurement sur le facebook de l’association
Certaines personnes, dans le monde des arts et du spectacle, sont si fort associées à leur conjoint au sein d’une activité commune, que nous avons du mal à les considérer de manière indépendante.
Si bien que lorsqu’un membre du couple décède, nous regardons le ou la survivant(e) avec inquiétude : comment va-t-il.elle s’en tirer ? continuera-t-il.elle à nous passionner, nous enchanter ? sous quelle forme ? saura-t-il.elle donner forme à de nouveaux projets, donner de nouvelles directions à ses talents ?
Ainsi en a-t-il été du couple Agnès Jaoui/ Jean-Pierre Bacri. Parmi les célébrités associées citons John Cassavetes et Gena Rowland, Catherine Ringer et Fred Chinchin en musique, François Schuiten et Benoît Peeters en BD, Pierre Boileau et Thomas Narcejac en polars…
Oui, un jour, nous avons dû penser à Agnès Jaoui comme à un élément unique, qui ne faisait plus partie du duo Jaoui/Bacri.
Elle nous avait préparé à la chose, cependant, depuis pas mal d’années, en réalisant des films seule… mais ils étaient écrits à deux, et Bacri y était souvent acteur… Elle nous avait montré qu’elle disposait de cordes inattendues à son arc en se lançant, seule ou avec d’autres partenaires, dans une carrière de chanteuse.
Agnès Jaoui a aujourd’hui 60 ans, et présente un parcours particulièrement riche : réalisatrice, actrice, scénariste, comédienne au théâtre, dramaturge, et chanteuse donc.
Au cinéma, elle joue dans 32 films, participe à l’écriture du scénario de 10 films, en réalise 5. Au théâtre, elle écrit 2 pièces, qu’elle met en scène avec Bacri, et joue dans 9 pièces. Utilisant sa belle voix de soprano formée à l’art lyrique, elle réalise 3 albums et se produit sur de nombreuses scènes, passant du classique à l’avant-garde contemporaine, des mélodies populaires latino-américaines à la chanson française. « Il y a beaucoup de points communs entre chanter et jouer un texte » note-t-elle en interview (Ouest-France).
Citoyenne, elle ne craint pas de s’engager, en particulier auprès des sans-papiers.
« Toujours engagée mais moins enragée » sourit-elle récemment dans un podcast pour la radio suisse, elle vit ses choix sociétaux et politiques dans tout ce qu’elle entreprend, chant, théâtre ou cinéma.
Le titre de son premier film, réalisé en 2000 est à cet égard une excellent déclaration, autant qu’un programme. Cela s’appelle « Le goût des autres ».