cet article est paru antérieurement sur le facebook de l’association

Le visage de Hiam Abbass s’est imprimé sur nos rétines d’amoureux du cinéma au fil de quelques films, échelonnés sur une petite quinzaine d’années : La fiancée syrienne, d’Eran Riklis; Les citronniers, du même réalisateur; La source des femmes, de Radu Mihaileanu; Rock the casbah, de Laïla Marrakchi, et A mon âge je me cache encore pour fumer, de Rayhana Obermeyer.

Pourtant, elle a joué dans 61 longs-métrages réalisés en France, dans les pays du Maghreb, au Moyen-Orient ou au Québec.

Une carrière régulière, à laquelle il faut ajouter des interventions dans 9 courts-métrages et dans de nombreux téléfilms et séries télévisées; mais aussi un travail de « coach d’acteurs » pour les films Munich, de Steven Spielberg et Babel, d’Alejandro Inarritu.

Elle a également réalisé deux courts, en 2002 et en 2003, puis un long métrage, Héritage, en 2012, où elle met en parallèle conflits familiaux et situations de guerre.

En 2008, Les citronniers l’avait particulièrement mise en valeur. De fin avril à mi juin, le film fait 232 909 entrées et suscite de nombreux éloges chez les critiques. Le jeu de Hiam Abbass est particulièrement apprécié.

« Entre réalisme et symbolisme, un drame très humain, porté par la belle interprétation d’Hiam Abbas, d’une solitude altière. » écrit Le Figaro; « Décidément, de film en film, Eran Riklis excelle à pointer l’absurdité, tour à tout écoeurante et hilarante, consubstantielle à cette région du monde. » estime pour sa part Positif.

Déterminée à sauver les arbres fruitiers transmis par son père de la paranoïa de l’Etat hébreu, une veuve palestinienne fait la connaissance de l’épouse du ministre qui vient de s’installer à côté de son verger.  Entre les deux femmes s’établit une complicité qui transcende le conflit israélo-palestinien.

Présenté en 2008 au Festival de Berlin dans le cadre de la section Panorama, Les Citronniers y décroche le Prix du public.

Née en Nazareth, Hiam Abbass a, par le jeu des longs-métrages dans lequel elle a tourné, endossé différentes nationalités. Elle est restée palestinienne dans quelques réalisations, mais a souvent été syrienne, et parfois irakienne, tunisienne, marocaine, algérienne, et aussi Albano-serbe… Une multiplicité d’identités géographiques et culturelles imaginaires qu’elle partage avec Simon Abkarian, français d’origine arménienne, qui a joué presque toutes les nationalités du bassin méditérranéen et au-delà.

Hiam Abbass s’est appelée Siham, Fatima, Leila, Raïssa, Yasmine, Mona… mais aussi Mélanie, Nadine, Blanche, Anne…

Actrice caméléon, elle incarne si fortement chacun de ses personnages qu’on se trouve face à l’évidence d’un être humain qui crève l’écran et nous fait totalement adhérer à l’histoire dans laquelle il se trouve impliqué. Sa stature et ses traits un brin sévères, la flamme qui brûle dans son regard sombre, lui donnent une intensité rare. A vrai dire, on l’imagine difficilement dans des rôles de mollassonnes se laissant ballotter par les événements.

Sa fille Lina Soualem réalise en 2003 un beau film documentaire sur sa mère, son histoire, ses choix, ses engagements. Ensemble, elles se rendent sur les lieux de l’enfance d’Ham, compulse les albums de photos, s’interrogent sur ce que signifie le déracinement. 

Assurément un film à voir ! 

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