cet article est paru antérieurement sur le facebook de l’association

Cette semaine sur les écrans de Ciné Cinéma elle est Amal.

Mais aussi…

Elle est Naïma, fille d’ouvriers immigrés mal dans sa peau, entraînée par son aimé, fils de pieds-noirs, dans un périple débordant de rencontres et de musiques à travers l’Espagne et le Maroc pour découvrir l’Algérie, avec laquelle ils ont l’un et l’autre des comptes à régler. (Exils, Tony Gatlif, 2004)

Elle est Goucem, jeune femme libre qui, en compagnie de sa mère et d’une amie prostituée, s’obstine à vivre « normalement » dans Alger livré à la violence islamiste en cet hiver 2003. (Viva Laldjérie, Nadir Moknèche, 2004)

Elle est Nawal, torturée et violée pendant des années dans un pays en guerre du Moyen-Orient, puis exilée au Québec où elle élève seule un garçon et une fille, ses jumeaux. Elle est Nawal, confrontée à une révélation si terrassante qu’elle en perd la parole d’abord, puis la vie. (Incendies, Denis Villeneuve, 2010)

Elle est Mina, mariée à un fabricant de caftan homosexuel dans un Maroc qui oblige à vivre cette orientation dans le secret et la honte. (Le bleu du caftan, Mryam Touzani, 2022)

On n’oublie pas Lubna Azabal quand on l’a vu incarner Naïma, Goucem, et bien d’autres. Souvent en lutte contre les injustices, intensément vivantes et incapables de renoncer, ces personnages ont une intensité qui ne peut laisser indifférent. La comédienne leur offre son visage aigu, sa voix grave, la flamme de ses yeux, sa fantaisie, sa force et sa fragilité.

Née d’un père marocain et d’une mère espagnole, Lubna Azabal est belge, installée en France depuis ses 22 ans.

« Devenir actrice est un désir que j’ai éprouvé dès l’école primaire. Je suivais tous les cours de théâtre et, dans les spectacles de fin d’année, je me battais pour avoir les premiers rôles. J’avais un côté clownesque. J’avais besoin de montrer que j’existais, que j’étais drôle. » explique-t-elle dans Elle Québec.

Elle ajoute, invitée à définir sa personnalité : « C’est une constante chez moi : j’ai besoin de bouger. Le mouvement crée des vagues, et les vagues amènent forcément quelque chose. C’est comme ça que je vois le monde: il faut bouger, aller vers l’inconnu. »

Sa carrière, longue aujourd’hui d’un peu plus de 25 ans, riche de presque 60 films, de nombreux téléfilms et de  quelques séries marquantes (The honourable Woman, 2014; Trepalium, 2015, The Little Drummer girl, 2018; La trêve, 2018…), l’a également amenée à jouer au théâtre. 

Certains réalisateurs lui sont particulièrement fidèles : Jalil Lespert, Nadir Moknèche, Maryam Touzani… Elle a été sollicitée par des cinéastes vivant aux quatre coins du monde : Denis Villeneuve, Ridley Scott, Ralph Fienes, Renzo Martinelli, Garth Davis, Semih Kaplanogu…

Elle a obtenu de nombreuses récompenses, dont un Magritte à quatre reprises.

Nous espérons être longtemps encore entraînés dans ses vagues.

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