PORTRAIT 10 : CHANTAL ACHILLI, membre du Bureau, secrétaire de l’association
« Grâce au cinéma, on comprend mieux le monde »
Le parcours
Rentrée à la Préfecture sur concours en 1979, Chantal fera toute sa carrière dans la Fonction Publique d’Etat, puis Territoriale.
Passionnée par le secteur culturel (théâtre, littérature, cinéma…), elle obtient, en devenant attachée territoriale sur concours en 1990, un poste à la Direction Départementale de la Culture (aujourd’hui Agence Culturelle du Département) où elle occupera la fonction d’administrateur.
Elle y sera chargée de la Direction des Ressources Humaines et de la Direction Financière. Elle dirige ensuite le Service Culturel de Portet sur Garonne (31), ouvert sur la danse, le théâtre, et comportant une bibliothèque, une salle de concerts, des écoles et un centre de loisirs.
Désireuse de retrouver la Dordogne, elle est Secrétaire Générale de la mairie de Brantôme,, lorsque que la mairie de Périgueux lui propose un poste passionnant : Direction de ses services culturels.
L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de mettre en place une Direction du Service Culturel de la ville, mais aussi de créer ce qui deviendra le Projet Artistique et la Scène conventionnée, puis Théâtre l’Odyssée. En effet, à ce moment-là, en 1998, le théâtre n’existait qu’en tant que bâtiment, simple lieu de diffusion dont les salles étaient louées par des tourneurs (ancien Palais des Fêtes, puis NTP).
L’ambition est de créer une programmation artistique à l’année, de faire émerger un véritable outil culturel à la rencontre de la population.
Tout est à construire, depuis la rédaction des statuts, et pourtant l’Odyssée est prêt à démarrer dès juin 1998. A la rentrée un programme est déjà en place, 350 spectateurs prennent un abonnement. 3 années plus tard, l’Odyssée devient Scène conventionnée et absorbe Mimos, le festival duMime et du geste de Périgueux.
Pendant 20 ans, Chantal dirige les deux théâtres de la Ville, l’Odyssée pour les « grandes formes », et le Palace pour les « petites formes », les résidences d’artistes… une expérience qu’elle qualifie de « fantastique » : « Nous partions de rien, il a fallu tout créer puis faire évoluer ».
Dès le départ, la ville constate un gros engouement du public et arrive rapidement au chiffre de plus de 2 000 abonnés sur la saison.
MIMOS est une forme de festival unique en France, et sous l’impulsion de Chantal ACHILLI, qui fait le choix d’en rendre une grande partie gratuite sur des scènes extérieures, il devient le plus grand festival européen du mime et du geste. Les publics viennent de partout, du national à l’international, rassemblant quelques 80 000 spectateurs par édition, pendant les années où elle l’a dirigé, jusqu’en 2019.
Chantal a beaucoup aimé ces années « palpitantes », à vivre une dynamique très forte, même si bien sûr le corollaire était un impressionnant nombre d’heures de travail et des sollicitations incessantes de la part des artistes, des élus, des médias, des équipes et des publics…
La rencontre de Ciné Cinéma
Chantal aime le cinéma d’auteur et a toujours fréquenté le cinéma Art et Essai de la ville. Elle était adhérente de Ciné Cinéma depuis sa création.
Lorsqu’il a été embauché par l’association, Jean-Michel Hellio a entrepris de structurer les relations avec les acteurs locaux, dont l’Odyssée. Des évènements complémentaires ont été organisés, un beau travail en commun s’est mis en place. Chantal appréciait beaucoup les propositions de Jean-Michel, « totalement en adéquation avec ce qui se programmait à l’Odyssée».
A la retraite en 2019, Chantal s’investit davantage dans Ciné Cinéma, se rend aux Assemblées Générales. Constatant qu’il manquait des membres de Conseil d’Administration, elle se présente en 2020, et est élue. Depuis, elle assume la fonction de Secrétaire au sein du Bureau.
A ce titre, elle tient le secrétariat, rédige les PV des différentes réunions, en tient le registre. Le Bureau prépare les réunions du CA ; en faire partie suppose donc un travail de réflexion sur les grands enjeux et le devenir de l’association.
Chantal est également membre de la Commission de programmation. Pour elle, ce sont les meilleurs moments : « on ne parle plus que des films, et du monde du cinéma d’auteur ! ».
Les informations qui vont lui permettre d’élaborer ses propositions, elle les trouve sur le site Allo Ciné, sur le magazine Télérama, ou dans le programme d’autres cinémas d’Art et Essai, comme Utopia. Parmi les membres de la Commission, certains assistent aux Berlinades, ou à d’autres festivals, comme Deauville… Au cours des réunions, elle apprécie les échanges autour de la forme et du fond des titres évoqués. Tout est pris en considération : la réalisation, le thème, les circuits de distribution, les qualités et œuvres des réalisateurs, des comédiens… « Ciné Cinéma nous offre des films qu’ailleurs, on ne verrait jamais ».
La relation au cinéma
Le cinéma est une passion, et un moteur.
« J’aime découvrir, me laisser porter et transporter» déclare Chantal, qui pense que « grâce au cinéma, on comprend mieux le monde, la société et ses fonctionnements et dysfonctionnements, on développe énormément sa culture générale. »
Elle estime avoir des goûts éclectiques, avec cependant quelques pôles d’intérêt plus appuyés : les drames intimistes, les films à résonance psychologique, les portraits de femmes.
Elle cite quelques titres récents : La nouvelle femme, de Léa Todorov (« j’y ai appris beaucoup de choses, même si j’ai des réserves sur le film »); May-December, de Todd Haynes; L’été dernier, de Christine Breillat, Le jeu de la reine, de Karim Aïnouz…
Les biopics et les films historiques intéressent également Chantal; elle a aimé Oppenheimer, de Christopher Nolan, ou Le procès Goldman, de Cédric Kahn…
La nuit du 12, de Dominik Moll, l’a beaucoup impressionnée, et As bestas, de Rodrigo Sorogoyen, a été « un coup de poing ».
Chantal cite également les thrillers, le cinéma iranien et plus largement, le cinéma international, Inchallah un fils, d’Amjad Al Rasheed, par exemple.
« Faire réfléchir, bousculer, faire comprendre et progresser, pour moi, c’est le rôle du cinéma, comme celui du théâtre » conclut-elle.
En parallèle de son activité à Ciné Cinéma, Chantal s’investit dans d’autres projets culturels, dont la Villa les Roses à Excideuil, qui l’occupe beaucoup. Née il y a peu, cette structure, dont Chantal est devenue Présidente, est financée par des mécènes suisses ; elle propose notamment des résidences d’artistes dans tous les domaines de l’écriture contemporaine, et en Sciences Humaines. L’équipe, très engagée, tisse des liens précieux sur le territoire du Périgord Vert, afin que les réalisations s’y enracinent et lui profitent.
Et demain
Chantal espère vivement qu’une entente pourra être trouvée entre le CGR, la mairie et Ciné Cinéma. Tous les éléments lui semblent en place pour que l’association se développe : compétences, connaissances, appétit… « Le projet tient la route ». Il est important en particulier de retrouver davantage de projections par semaine, le public est là et le demande !
L’arrivée d’un nouveau Président, nanti de son bagage, de son réseau relationnel, apporte un nouvel élan et pourrait favoriser la négociation sur des bases durables.
Un lieu de rencontre (café associatif ou autre) donnerait une dynamique remarquable.
Les propos sont tenus sous la responsabilité de leur auteur, non de l’association.