
PORTRAIT 12 : MICHEL BUKK, administrateur de l’association
«Pour moi le cinéma, c’est d’abord des sensations. J’aime ressentir la peur ou avoir envie de rire en regardant un film. »
Le parcours
Né en Lorraine, Michel devient périgourdin après le Bac. Il s’adapte bien à la région et ne la quitte plus, y fondant une famille et y effectuant toute sa carrière au sein de la Sécurité Sociale.
Un travail auquel il reconnait une vertu, celle de rendre service à la population.
Son intérêt pour les questions sociales l’ont conduit par ailleurs à s’engager dans le syndicalisme, au sein duquel il a pu défendre les intérêts des salariés et leur porter assistance. Il a par exemple rempli les fonctions de secrétaire du Comité d’Entreprise pendant 8 ans. Ses activités syndicales lui prenaient un temps non négligeable, mais en contrepartie lui apportaient beaucoup en termes relationnels.
Ciné Cinéma
Tout au long de sa vie professionnelle, Michel a fréquenté régulièrement les cinémas, et il avait connaissance de Ciné Cinéma, suivait le parcours de l’association. Cependant il n’a pris une adhésion qu’à partir du moment où il s’est trouvé à la retraite, en 2015. Jusqu’alors, il se rendait au cinéma, choisissait de voir tel ou tel film, sans vraiment chercher à savoir si le film en question était programmé par Ciné Cinéma ou par CGR.
Une fois retraité, disposant de davantage de temps mais éprouvant le besoin de prendre un peu de distance par rapport à ses engagements précédents, il décide de s’impliquer davantage, de manière mesurée cependant.
Au cours d’une Assemblée Générale il apprend l’existence d’une Commission de Programmation, demande à y participer. Quelques années plus tard, en 2023, il est prêt à proposer sa candidature au sein du Conseil d’Administration. Il est élu et devient donc membre du CA, tout en gardant son rôle dans la commission de programmation.
Cette commission est un bon lieu d’échanges. Les propositions qu’il fait s’inspirent de ce qu’il peut lire sur Internet concernant les sorties.
Il se montre particulièrement attentif aux premiers films, auxquels il lui semble important de donner une chance. Il aime également varier les genres. « Je ne cherche pas le film rare » commente-t-il, mais les films de qualité dans toutes les catégories. Bien sûr, il y a des surprises et la consultation des critiques ou la référence aux prix gagnés dans des festivals n’est pas toujours un gage. Des « petits » films dont on parle peu peuvent s’avérer formidables, et à l’inverse des longs métrages primés déçoivent parfois.
En tant que membre du CA il espère contribuer au développement de l’association, dont l’activité est à ses yeux très importante. « Ciné Cinéma, c’est le cinéma en-dehors des sentiers battus, une programmation intéressante, internationale » dit-il. Grâce à Ciné Cinéma, on a accès à des longs métrages peu connus, parfois d’un accès plus difficile, et qui traitent de sujets qui intéressent Michel.
Il lui est arrivé d’animer des soirées et il aimerait le faire davantage, mais il constate qu’il manque de temps, « il faut parfois opérer des choix ».
Actuellement il participe (en compagnie de Nina Ronteix) à un D.L.A. (Dispositif Local d’Accompagnement) consacré au bénévolat. L’objectif : être en mesure de développer le bénévolat et de répondre aux nouveaux besoins de l’association, en améliorant le parcours des bénévoles.
Le cinéma
Michel et le cinéma, c’est une vieille histoire. Enfant, il regardait les films à la télévision. Devenu adolescent, puis adulte, il découvre le plaisir d’aller en salle, et aussi de fréquenter des festivals.
Un genre de cinéma l’intéresse plus particulièrement : le fantastique et la science-fiction. 2001, l’odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick, est un grand choc. Avant cela, il y a eu Psychose, d’Alfred Hitchcock, et La nuit des morts-vivants, de George Romero.
Ce sont, dit-il, des films qui, à l’instar de Citizen Kane, d’Orson Welles, « créent un genre ». Michel prend un autre exemple : « Alien, c’est l’horreur qui rentre dans la science-fiction ».
Il revient sur le fait que longtemps, le cinéma fantastique a été cantonné aux petites salles confidentielles, était un peu considéré comme un sous-genre, c’était un cinéma de ghetto. Grâce à des festivals spécialisés Michel a pu voir le premier Mad Max (1979, George Miller) ou le premier Massacre à la tronçonneuse (1974, Kim Henkel et Tobe Hooper) à une époque où ces titres faisaient l’objet d’une censure. On reste pensif, commente Michel, quand on pense au niveau de violence qu’on a atteint aujourd’hui, sans censure.
Le cinéma, pour Michel, est affaire de sensations, et il aime rire ou avoir peur devant le grand écran. Le cinéma, c’est du plaisir.
Il garde un très fort souvenir de Freaks, de Tod Browning (1932), un film d’une grande audace.
Il apprécie également beaucoup les films à caractère social, et/ou qui se penchent sur le monde du travail, et/ou politiques : En guerre, et La loi du marché, de Stéphane Brizé, par exemple; Les algues vertes, de Pierre Jolivet, qui expose les fondements politiques d’un problème écologique; ou le cinéma de Ken Loach.
En remontant dans le temps, il se souvient de l’impressionnant film Le sel de la terre, de Herbert J.Biberman (1954), d’un cinéma qui analyse les luttes ouvrières et met en valeur le rôle des femmes dans ces luttes.
Mêlant fantastique et social, le film Roqya vu très récemment l’a intéressé, il traite indirectement des réalités sociales ainsi que des phénomènes d’emprise.
Un dernier genre cinématographique retient l’attention de Michel : le cinéma noir des années 40/50. Ce cinéma du passé, qu’il a pu découvrir en particulier grâce à la télévision et son Ciné Club a beaucoup inventé.
Et demain ?
Des initiatives comme les soirées qui permettent de revoir sur grand écran les films du patrimoine, ou plus récemment, la rediffusion l’été de quelques titres montrés dans l’année, lui semblent particulièrement bienvenues.
Michel espère avant tout que Ciné Cinéma va perdurer, et se développer. L’association est pour lui indispensable à la vie culturelle de Périgueux et au-delà. Il est conscient des difficultés rencontrées, dont la moindre n’est pas le vieillissement de la population cinéphile. Lorsque les jeunes viennent voir un film d’art et essai, ils reconnaissent en tirer quelque chose et apprécier, mais ils fréquentent rarement ce type de cinéma de manière spontanée.
Propos tenus sous la responsabilité de leur auteur, non pas de l’association.