PORTRAIT 4 : Bernard Coste, administrateur de l’association

« Les changements, il faut vraiment les arracher »

Le parcours

Bernard fait des études de droit à l’Université de Bordeaux, jusqu’au D.E.A., puis prend un emploi dans une banque à Périgueux.

Assez vite, il réalise que le métier, le milieu, ne sont pas faits pour lui, et change d’orientation.

Ce sera un D.U.T. de bibliothécaire, toujours à Bordeaux. Diplômé en 1985, il est recruté par la Bibliothèque de Périgueux, aujourd’hui Médiathèque.

C’est là, au sein d’un établissement qui va connaître bien des évolutions, qu’il déroulera toute sa carrière, jusqu’aux fonctions de directeur adjoint et au grade de conservateur en chef. Il y sera responsable du Fonds régional, puis du Service Patrimoine, de l’informatisation de la Médiathèque, et enfin du service de Lecture Publique.

Chargé notamment des animations culturelles, il s’implique fortement dans la manifestation Etranges lectures, initiée par Vincent Fournier (professeur, titulaire d’une chaire de Littérature scandinave à l’Université de Bordeaux, et lui-même traducteur du suédois). Cette manifestation, désormais bien enracinée sur le territoire, en est aujourd’hui, à sa 22e saison. 

Elle repose sur un partenariat entre la Médiathèque Pierre-Fanlac, la Bibliothèque départementale Dordogne-Périgord, le réseau des bibliothèques de la CAB (communauté d’agglomération du Bergeracois),  l’Agence culturelle Dordogne-Périgord, et le Service pénitentiaire d’Insertion et de probation. 

Rayonnant dans tout le département et animée par une équipe de bibliothécaires et de bénévoles, elle a pour objectif de faire mieux connaître et de promouvoir les littératures étrangères : de novembre à juin, les auditeurs/spectateurs ont l’occasion de découvrir des œuvres venues de pays divers, lors de lectures publiques effectuées par des comédiens professionnels. 

Ces rencontres rayonnent dans tout le territoire de la Dordogne, ainsi que dans les 3 centres de détention du département. La présentation des œuvres est assurée en général par le traducteur, ou bien l’éditeur, ou encore un.e spécialiste du pays/genre mis en valeur; plus ponctuellement ( une ou 2 fois l’an), par l’auteur lui.elle-même (grâce à un partenariat déjà ancien avec la manifestation Lettres du monde de Bordeaux).

Au fur et à mesure des années, en marge de la saison (resserrée, depuis le Covid, de 6 à 4 cycles de rencontres par saison), la manifestation a peu à peu développé plusieurs volets connexes, en direction de publics variés : lectures en prison, ateliers de traduction lycéens, et enfin organisation d’un « Prix des lecteurs Étranges lectures ». L’objectif de ce prix est de mieux impliquer les lecteurs des bibliothèques du département dans la programmation de la manifestation. Chaque saison, une sélection de 5 livres est proposée à ces lecteurs, parmi lesquels ils ont à choisir celui qui figurera au programme de la saison suivante. Un Prix qui d’année en année, connaît lui aussi un succès grandissant (près de 1000 participants dans une cinquantaine de bibliothèques, dont plus de 800 votants)

Avec ces « Étranges lectures » (comme bibliothécaire d’abord et aujourd’hui comme bénévole) Bernard a pu donner forme et raison d’être à sa passion militante des livres et de la littérature, et à sa vocation à la partager.

La rencontre avec Ciné-Cinéma

Simple spectateur (et adhérent depuis plus de 20 ans), c’est dans le cadre de son métier que Bernard noue de premières relations avec l’équipe de Ciné Cinéma.
Ce sera tout d’abord autour de l’idée de créer un pont entre cinéma et littérature : on proposera, une fois l’an, une programmation commune Étranges lectures/Ciné Cinéma, sous la forme d’une soirée associant une lecture publique et un film en lien avec l’œuvre ou le pays.

Nouvelle étape à l’occasion de la création et de l’ouverture au milieu des années 2000, de la section Audiovisuel de la médiathèque. Contact est alors pris, en binôme avec la collègue en charge de ce service, avec Jean-Michel Hellio, en vue de tisser un lien entre la programmation en salle, les collections de la « vidéothèque » et la médiation autour du cinéma et de l’image animée. Diverses manifestations communes sont organisées, par exemple la participation, chaque année, au Mois du Film documentaire.

Une étroite coopération se met en place, que les concernés ont longtemps rêvé de voir aboutir dans la création d’une véritable « Maison du cinéma et de l’image »… Un projet toujours dans les limbes à ce jour…

Autant de « convergences » qui, tout naturellement, ont conduit Bernard et ladite collègue et amie, Michèle Thévenin, à entrer dans les instances de l’association, comme membres du Conseil d’Administration.

Bernard y a depuis pris racine, au point d’en devenir l’un des « anciens » à ce jour… Loin, cependant, après son « doyen », ancien président, toujours pilier du Conseil, l’ami Roger Roche.

Faire partie du Conseil d’Administration, ça consiste en quoi ?

Au minimum, l’administrateur participe aux réunions périodiques du C.A., (tous les 2 ou 3 mois). Il donne son avis sur les propositions du Bureau de l’association.

Plus largement -c’est la conception de Bernard-, il participe à la promotion de l’association, il est présent quand on le sollicite. Citons pour exemples la participation au  Forum des associations, ou bien au week-ends « adhésions » organisés à la rentrée dans le hall du CGR.

Par ailleurs, il est souvent fait appel aux administrateurs, en fonction de leurs domaines de compétences bien sûr, pour présenter les films et/ou animer les débats pendant les soirées, Ciné-échanges ou autres.

La relation au cinéma

Pour Bernard, le cinéma est une vieille passion. Comme d’autres enfants de sa génération, sa première découverte du cinéma ne s’est pas faite dans les salles, mais devant le petit écran du temps de l’ORTF, de la « Séquence du spectateur » de « Monsieur Cinéma », l’émission phare de Pierre Tchernia, et devant les films du dimanche soir (sous étroit « contrôle parental »).

Au lycée, un Ciné Club lui fait découvrir le cinéma d’Art et Essai.

Mais c’est surtout une fois étudiant à Bordeaux qu’il se met à fréquenter assidûment les salles obscures. Plus tard il adore se rendre à Paris chez des amis pour quelques jours : « je passais des après-midi entières dans les cinémas ». C’est l’époque de l’Action Christine, du St André des Arts, et autres Olympics… Concerts et expositions accompagnent ces crises de boulimie culturelle 🙂

Le goût de dévorer du cinéma lui est resté, puisqu’aujourd’hui, profitant de sa condition de retraité, il lui arrive régulièrement d’aller voir, « en petite compagnie », 2 ou 3 films à la suite dans la même journée.

Aujourd’hui, Bernard voit « de tout »… mais « de tout »… en piochant dans la programmation de Ciné Cinéma : « C’est le cinéma que j’aime. J’ai peu de goût pour le genre de superproductions à gros budgets et gros effets numériques,  produits à la chaîne à Hollywood et ailleurs ». 

Bernard apprécie la possibilité de « découvrir » qui est offerte par la programmation de  l’association.

Amateur des westerns « depuis ses culottes courtes », il déclare aimer « le cinéma d’ailleurs ». Les derniers films qui lui ont beaucoup plu : La chimère, d’Alice Rohrwacher; Les colons, de Felipe Gálvez Haberle; Anatomie d’une chute, de Justine Triet ou encore Le règne animal, de Thomas Cailley. « J’aime bien les films étranges, précise-t-il, ceux qui font un pas de côté J’ai le souvenir de Limbo, par exemple, qui m’a marqué » (un film britannique de Ben Sharrock qui date de 2020). « Il y a aussi, au hasard de mes remémorations, le magnifique « Retour des hirondelles » de Li-Ruiji (Chine, 2022) ou le très beau « Bleu du caftan » de Maryam Touzani (Maroc, 2022) ». Et enfin, récemment, Bernard est sorti secoué du glaçant « Zone d’intérêt » de Jonathan Glazer, suivi de « Making of », pour faire équilibre…

Et demain ?

Bernard, présent à Ciné Cinéma depuis longtemps, a vu passer un certain nombre de projets, et a rêvé avec d’autres, de manière assez précise et concrète, d’une Maison de l’image. Les composantes financières de ce projet n’ont pas été acceptées par les institutions. Ce dont on entend parler aujourd’hui lui fait un peu l’effet d’un « serpent de mer ». Les changements, il l’a constaté, il faut vraiment les arracher. « L’existant convient à pas mal de monde ». Aussi se montre-t-il prudent, tout en se réjouissant : « Au moins, les choses sont exprimées, les ambitions de Ciné Cinéma sont sur la place publique ». 

Les propos tenus dans ces entretiens n’engagent que leurs auteurs, pas l’Association dans sa globalité.

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